Alors que Vladimir Poutine a annoncé la mobilisation des réservistes russes en Ukraine il y a quelques jours, nombreux sont ceux qui fuient la Russie pour y échapper. Et si certains pays comme l'Allemagne se disent prêts à les accueillir, la France a montré plus de réserves.
Berlin, il y a une quinzaine de jours, a clairement ouvert ses portes aux “déserteurs russes”, qui veulent échapper à la mobilisation des réservistes en Ukraine. Mais la France semble moins accueillante.
Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères, a indiqué que “nous devons répondre en Européens”. Ce qui est une façon polie de dégager en touche. Jamais il n’y aura de consensus européen pour accueillir les réfugiés russes. Jamais la Pologne, la République tchèque et les Etats baltes que sont la Lettonie, la Lituanie et l'Estonie, n’accepteront de recevoir des Russes sur leur sol, même des Russes anti-Poutine. Leur russophobie est trop forte, elle est historique, elle est culturelle.
Deuxièmement, la ministre affirme: “Pour ce qui est du droit d’asile, nous agirons au cas par cas”. Là, pour le coup, ça peut se comprendre. Accueillir les réfugiés politiques russes, c’est conforme à nos principes. Que des forces vives quittent et affaiblissent la Russie de Poutine, c’est de l’intérêt de la France. En revanche, la France et, au-delà, l'Union européenne, n’ont pas vocation, ni intérêt d’ailleurs, à ouvrir les bras aux suppôts du régime, aux oligarques qui ont fait fortune grâce à Poutine ou même, disent certains diplomates, aux résistants de la 25e heure.
Mais un haut fonctionnaire européen m’avouait jeudi qu’il y a un autre motif à ce “cas par cas”. Une raison cachée qu’on ne crie pas trop sur les toits. Certains craignent que Poutine profite de ces départs en masse pour glisser dans les rangs des exilés, des agents dormants du régime, des membres du GRU, le service de renseignement militaire, ou du FSB qui, une fois installés en Europe, pourraient chercher à déstabiliser nos démocraties de l’intérieur.