Sur les bords du Queffleuth, dans le pays de Morlaix (Finistère), Catherine et Gildas Sévère se chauffent l’hiver grâce à l’énergie générée par leur moulin à eau, qu’ils ont restauré. Depuis 1994, leur turbine leur permet de faire fonctionner leurs radiateurs. Ils racontent.
 
 

À l’époque, en 1982, leur projet semblait un peu fou, voire impossible. Plus de quarante ans plus tard, il est pourtant lourd de sens, et positif. À Pleyber-Christ, près de Morlaix (Finistère), Catherine et Gildas Sévère, 68 ans, produisent leur propre électricité, grâce à leur moulin à eau, le moulin Jouannet. C’est d’abord un « coup de cœur pour le site », explique Catherine Sévère, qui a mené le couple à acheter cet ancien moulin. « Il était dans son jus, il n’avait pas fonctionné depuis 1965 », poursuit-elle.

« À l’époque, on ne parlait pas d’énergies renouvelables »

Catherine et Gildas commencent par « retaper le bâtiment, pour y vivre », racontent-ils. « Puis, au bout de quelques années, en 1994, on s’est attaqué au projet de faire de l’énergie. » Un programme titanesque.

« À l’époque, on ne parlait pas d’énergies renouvelables. Le premier chantier, c’était de remettre le bief en eau, car il était cassé. Pour faire ça, on n’a pas utilisé de machines », souligne Catherine.

Le bief, c’est un petit canal, dérivé de la rivière du Queffleuth, qui va amener l’eau jusqu’à la turbine du moulin, pour la faire tourner, avant de rejoindre la rivière, via un canal de fuite. Dans leur projet, Catherine et Gildas Sévère, respectivement laborantine et imprimeur à l’époque, se font accompagner par l’association Les amis des moulins du Finistère.


L’eau arrive jusqu’au moulin via un bief de 800 mètres, c’est-à-dire un canal de dérivation de la rivière. (Photo : Ouest-France)


L’eau du bief passe ensuite dans la turbine du moulin, et la fait tourner. C’est ce qui permet de faire de l’énergie. (Photo : Ouest-France)

Un modèle de turbine qui date de 1880

Ensuite, c’est sur la turbine, « un modèle de 1880 », précise Gildas, que le couple s’est penché. « Nous avons dû la nettoyer, la réparer. » Grâce à un système de courroies et de poulies, la vitesse de la turbine est démultipliée, ce qui permet de produire de l’énergie.

Dans leur maison, l’ancien moulin, Catherine et Gildas Sévère ont une installation électrique dédiée à l’énergie produite par la turbine, qui fait notamment fonctionner leurs radiateurs. Dans leur cuisine, le ronronnement du moulin résonne.


À l’intérieur de l’ancien moulin, la turbine entraîne des courroies. L’énergie générée fait fonctionner les radiateurs de l’habitation. (Photo : Ouest-France)

Celui-ci fonctionne environ six mois dans l’année, « de début novembre à fin avril », précise Gildas. « Quand le niveau de l’eau baisse, on diminue la quantité d’eau détournée dans le bief », jusqu’à l’arrêt. Le couple doit respecter des débits réservés. À noter, une grille a également été installée, pour éviter que les poissons passent dans le moulin.

Régulièrement, le couple accueille des écoliers. « On veut montrer que c’est possible », concluent-ils.

Un peu d’histoire, avant de remettre le moulin en eau

Avant de remettre en eau le moulin, les Sévère ont également dû retracer l’histoire de l’édifice, afin de « récupérer le droit d’eau du moulin », indique Catherine. C’est ce qui permet l’utilisation de la force motrice de l’eau.

Gildas complète : « Il fallait prouver qu’il était là avant 1789. » Résultat : « Le bief existe depuis 1670, au moins. » Avant d’amener de l’énergie dans leur maison, le moulin a servi à moudre des céréales, pendant des années. Dans les années 1900, il a également alimenté une partie du bourg de Pleyber-Christ.

 Publié le 27 Avril 2023 par Sarah HUMBERT sur Ouest France

Lien :
https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2023-04-27/depuis-trente-ans-ce-couple-de-bretons-se-chauffe-grace-a-l-energie-de-son-moulin-a-eau-1bdc5bd8-6357-4c8c-b56b-d41d13763d79

Hashtag Le Canard Déchainé Évolution : 
#Environnement #Énergie #Chauffage #OuestFrance
Hashtag Freedomm :